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Dans le cadre de la célébration des 125 ans de la Société Coopérative des Commerçants Lausannois (SCCL), nous avons eu le plaisir d'interviewer Sandrine Pilloud. Illustratrice passionnée et attachée à Lausanne, qui partage avec nous son parcours artistique, son lien profond avec la ville et son expérience de création pour ce mandat d'illustration unique. Découvrez comment son travail reflète l'histoire et l'esprit de Lausanne à travers une perspective artistique.
SCCL : Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique et de ce qui vous a amené à devenir illustratrice ?
Sandrine Pilloud : J'ai en fait toujours été très attirée par le dessin, vraiment depuis que je suis toute petite. À l'âge de huit ans, j'ai déjà commencé mes 1ᵉʳˢ cours de peinture dessin chez une artiste peintre. Ça m'a permis de me rendre compte que c'était vraiment quelque chose d'important, une passion forte, et que j'avais envie de poursuivre sur cette voie dans ma vie professionnelle. À la fin de mon école obligatoire, quand il a éé question de choisir une voie professionnelle, j’ai visité plusieurs écoles, et je me suis finalement dirigée vers L'Eracom, où j'ai fait la formation de conceptrice en multimédia.
C’est un métier que je pratique toujours aujourd'hui et qui m'est très utile, mais il me manque quand même le côté dessin pur. J’ai toujours eu une passion très forte pour l'univers du jeu vidéo, j'avais envie de créer ce genre de monde. Donc du coup je suis partie quelques années aux États Unis, à Los Angeles, pour suivre des cours très spécifiques dans la création de jeux vidéo et de films. J’ai acquéri une expérience et des compétences vraiment super importantes pour ma vie professionnelle aujourd'hui.
Aujourd'hui, je suis de retour en Suisse, j'ai enseigné quelques années au céruleum aux illustrateurs. À présent, fait, j'ai un peu deux axes dans ma vie professionnelle. Je suis en partie employée en tant que graphiste dans une entreprise de communication visuelle, d'ailleurs, j'ai la chance de pouvoir faire de l'illustration aussi, et puis une partie indépendante, où je suis illustratrice.
SCCL : Quel lien personnel entretenez-vous avec la ville de Lausanne ?
Sandrine Pilloud : La ville de Lausanne, c'est vrai que ça a toujours été un peu ma ville de cœur, je ne sais pas trop comment expliquer ça, elle a toujours eu une place assez importante. En fait, d'une part j'y ai fait mes études à l’Eracom, et puis même si je n’y ai pas grandi, on habitait à Renens, donc on était quand même assez proche. J'ai un lien assez fort avec Lausanne, c'est une ville où je me sens bien. Et puis je trouve qu'il y a une dynamique qui est intéressante. Il y a toujours plein de choses à faire, c’est aussi ici que j'ai ma vie sociale. C'est une ville qui me plaît.
SCCL : Comment avez-vous abordé le thème du commerce lausannois à travers les époques pour cette illustration ?
Sandrine Pilloud : La première question que j'ai dû me poser, c'était quelle période illustrer pour ce mandat ? Après réflexion, j'ai plus été attirée par la toute première période la plus ancienne, qui est de 1888 à 1924, parce que je crois qu'en fait, dans mon travail, j'aime bien le changement. J'aime bien quand je peux explorer des nouvelles choses que je n'ai pas forcément l'habitude de faire quelque chose qui m'attire. J'ai décidé d'explorer quelque chose que je méconnaissais un petit peu. J'aime bien faire des recherches aussi, explorer et apprendre des nouvelles choses.
SCCL : Qu’est-ce qui vous a inspiré dans l’histoire du commerce lausannois pour créer votre œuvre ?
Sandrine Pilloud : Comme j'ai choisi la période la plus ancienne de l'histoire du commerce lausannois, c'était effectivement plus difficile de trouver des archives et des informations sur cette période. J'ai dû choisir quel type de commerce j’allais illustrer. Et puis j'ai commencé à faire des recherches qui m'ont apprises aussi des choses sur la ville. Comme l'ancienneté de certains établissements, de cafés, de restaurants, du type du buffet de la gare ou la Bavaria par exemple, qui ont vu le jour à cette époque-là. Des enseignes aussi, comme Manor ou Globus. C'est vrai que j'ignorais qu'elles étaient aussi anciennes que ça. Ça m'a donné deux trois pistes sur ce que je pouvais illustrer.
Finalement, je pense que quand on crée une illustration, c'est important qu'on ait une petite flamme à l'intérieur, quelque chose qui nous fasse vraiment vibrer, qui nous passionne. Je me suis plus dirigée vers des intérêts personnels et me suis demandé ce qui me ferais plaisir d'illustrer ? J'ai d'abord un petit peu exploré l'aspect cuisine, parce que c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Et puis je trouvais assez cool de faire peut-être une vitrine avec des ustensiles de cuisine, ce genre de choses, en plus de l'époque ce qui permettait d’effectuer aussi des recherches par rapport à ça. J'ai changé de concept pendant la phase de croquis, et je suis revenue vers quelque chose de plus floral, où j'ai décidé d'illustrer un fleuriste. J'ai fait des recherches, j'ai pu trouver quelques ambiances, voir comment est-ce que les fleuristes disposaient leurs fleurs à l'époque. J'ai vu que c'était très généreux, très abondant. Je trouvais ça assez chouette en fait, visuellement, d'avoir une devanture de commerce et puis énormément de fleurs devant qui font qu’on ne voit presque plus la vitrine, avec moins de choix de type de fleurs qu'aujourd'hui, mais il y avait beaucoup d'abondance. J'ai trouvé de la générosité en fait sur les étalages. C'est quelque chose qui m'a inspirée. Du coup je me suis lancée là-dedans en faisant bien sûr attention, en respectant les codes architecturaux de l'époque.
SCCL : Pourquoi avez-vous choisi cette technique (crayon, peinture, etc.) pour réaliser votre illustration ?
Sandrine Pilloud : Je travaille aujourd'hui principalement digitalement. Au niveau de la technique, c'est clair que dans le digital, on peut faire tellement de choses différentes. J'avais vraiment à cœur de repartir vers des valeurs et des codes un peu plus anciens pour coller déjà au thème, et puis aussi parce que ça me passionne. J'ai toujours eu une grande admiration pour les peintures à l'huile typiquement. J’aime aussi travailler de cette façon-là. En ayant quasiment pas de calques et en travaillant avec le pinceau, en mélangeant mes peintures digitales à l'écran mais en ayant une approche un peu plus traditionnelle. Je réalise une envie de me faire plaisir et puis de passer un bon moment devant mon écran à réaliser une illustration qui me fasse un petit peu vibrer.
SCCL : Quel message ou quelle ambiance souhaitiez-vous transmettre à travers votre illustration du commerce lausannois ?
Sandrine Pilloud : j'avais envie de créer une ambiance très généreuse qui donne avec ce thème que j'ai choisi du fleuriste, des étalages de fleurs où on ne voit presque plus la vitrine. Je trouve que ça génère quelque chose de positif comme sentiment. C’est quelque chose que j'aime bien et retranscrire d'une manière générale dans mon travail. J'avais un petit peu ces mots clés en tête. En ce qui concerne l'ambiance, dans les couleurs, j'avais aussi envie de faire quelque chose qui fasse un lien avec l'ancien, avec des couleurs un petit peu délavées, un petit peu anciennes, mais qui reste dans des tons aussi très chaleureux. J'ai toujours besoin de créer quelque chose quand je dessine qui me plaît et ce sont des valeurs qui me parlent de manière générale.
SCCL : Qu’est-ce que cette collaboration pour les 125 ans de la SCCL représente pour vous en tant qu’artiste lausannois ?
Sandrine Pilloud : Alors, je dois dire que c'était un honneur de pouvoir travailler sur ce projet, parce que voilà, j'ai un lien particulier avec Lausanne que j'apprécie particulièrement. Comme je disais précédemment, Lausanne, c'est quand même un peu ma ville de cœur. Donc du coup, pouvoir travailler sur cette ville-là, d'aussi approfondir son histoire avec des recherches, c'est quelque chose qui m'a tout de suite parlé. Donc plutôt honorée d'avoir pu travailler sur ce très joli projet.
Pour en savoir plus sur le travail de Sandrine Pilloud, nous vous invitons à découvrir son site internet : https://barbo.ch